Vous connaissez certainement l’adage souvent répété en affaire voulant qu’une personne analytique, consciencieuse et logique solliciterait plus le côté gauche de son cerveau alors qu’une personne plus artistique, créative, ouverte d’esprit et émotive mobiliserait davantage la partie droite de ce dernier. Est-ce réellement le cas?
Et si ce phénomène de latéralisation, soit l’idée que certaines activités cérébrales se concentrent principalement dans la zone gauche ou droite du cerveau, était trop simpliste?
Les idées et le cerveau
Bonne nouvelle, des chercheurs de l’Université d’Utah ont remarqué que l’on n’utilisait pas forcément un hémisphère cérébral plutôt qu’un autre. Une étude menée auprès de «1000 participants volontaires âgés entre 7 et 29 ans a démontré que les connexions fonctionnent en fait par paire. Ainsi, «une connexion qui se déroule dans une région de la partie gauche de notre cerveau entraîne une connexion similaire dans la même région de la partie droite. Il y a donc une corrélation cérébrale entre les deux hémisphères du cerveau et non pas une partie du cerveau plus mobilisée que l’autre».
Exercer les muscles de la pensée
Peut-être vous questionnez-vous à savoir où je me dirige avec ces idées? Je vais m’efforcer de faire ici un parallèle entre la créativité et le sport pour permettre de bien intégrer cette notion.
Prenons, pour les fins de l’exemple, la course ou le vélo. Lorsque vous devez relever un défi de plusieurs kilomètres, ici parlons d’un marathon ou du Tour de France à vélo, votre corps, pour y parvenir, doit être entrainé à travers le temps à parcourir de longues distances. C’est la même chose pour le muscle du cerveau; l’imagination et la création de nouvelles idées sont des facultés que l’on doit travailler continuellement afin d’être en mesure de réagir dans les moments de crise et d’urgence. Comme dans un marathon, le coureur avance en utilisant ses réserves d’énergies jusqu’au point où le corps est au bout du rouleau (ici un parallèle avec une situation difficile ou stressante au travail) et c’est à ce moment que la mémoire consciente découlant des heures d’entrainement et l’habitude de la pratique donnent le petit coup de pouce pour franchir la ligne d’arrivée. Les automatismes développés par la routine et le travail continu lié à l’entraînement payent à ce moment. C’est la même chose pour le cerveau. Quand il est épuisé, voire quasi non fonctionnel, si vous avez passé des heures à l’entraîner, cette habitude vous donnera le bénéfice d’une dernière ressource d’énergie. Celle-là même qui est nécessaire pour faire ressortir les idées issues de vos expériences ou encore de situations passées cachées dans votre subconscient.
Pour réussir cet exploit et exercer ce muscle à penser, il faut l’entraîner quotidiennement.
Mais encore, pourquoi renforcer le muscle du cerveau? L’objectif ultime est de générer des idées même au moment où cela va mal ou lorsque l’on doit produire un résultat extraordinaire dans des circonstances difficiles. En état de relaxation ou avec du temps devant soi, générer des idées n’est souvent pas un problème, vous en conviendrez. Donc il est encore plus pertinent de trouver des moyens pour se retrouver dans cet état!
Vous exercer régulièrement à générer des idées ne vous rendra pas expert dans ce domaine, mais rendra le processus permanent. Donc au moment où vous aurez besoin de solutionner, innover ou créer, vous en serez capables et produirez de bonnes idées même en situations insécurisantes, stressantes ou dangereuses.
Astuces et pratiques pour aiguiser votre esprit créatif
- Plonger au pays des merveilles, renouer avec l’absurde, l’improbable ou la différence pour faire ressurgir une autre façon de voir les situations et trouver plus rapidement une solution aux problèmes complexes. Confrontez-vous à des expériences inhabituelles, allez visiter des pays dont vous ne parlez pas la langue, assistez à une pièce de théâtre de l’absurde, visionnez un court ou long métrage déjanté ou lisez des livres d’histoires fantastiques. Sortez du rationnel.
- Un peu de « bruit de fond » pourrait stimuler votre cerveau en vous distrayant et en vous permettant de réfléchir de façon plus abstraite et donc plus créative. Il ne faut pas dépasser 70 décibels, l’équivalent d’être installé dans un café bien vivant. En prime, vous y prendrez une bonne dose de caféine pour vous fouetter un brin!
- S’adonner à une activité physique tonique comme l’aérobie, la course, le tennis, le ski de fond, le vélo, etc. Bref tout ce qui permet de travailler le cardio est favorable. Cela permettrait d’augmenter le volume du cerveau dans les zones de la mémoire et de l’attention. C’est aussi un bon moyen d’augmenter le nombre de protéines qui participent à la croissance des neurones.
- S’amuser pour se changer les idées lorsque l’on est bloqué sur un projet ou une situation. Cela permet la création de l’endorphine qui est à la base de la créativité. Lire de tout et écouter différents styles de musique rendrait intelligent… Alors vive la variété! Visionner un film, visiter des musées, fouiner dans les bibliothèques, aller marcher en plein air, rire de blagues saugrenues, procéder à de menues tâches routinières pour laisser l’esprit s’évader. C’est à ces moments que les idées viennent. Ainsi, laver la vaisselle, prendre une douche, sortir les poubelles, aller faire une amplette à la pharmacie n’aura jamais été aussi profitable… De simples actions courtes qui focalisent le cerveau sur autre chose et permettent de clarifier l’esprit. Bref ce qu’on cherche ici à faire c’est mettre son cerveau à « OFF ».
- Lire des livres sur des sujets variés (ouvrage professionnels, actualités quotidiennes, articles, romans de fictions, etc.) pour ensuite s’évertuer à raccorder ces nouvelles informations à votre propre expérience ou à vos connaissances. Intégrez le tout dans votre routine, soit chaque jour prendre 30 minutes matin ou soir pour cette pratique. Pour ma part, je débute ma journée en lisant quelques articles ou encore le chapitre d’un livre. Petit bémol cependant, il faut pratiquer régulièrement pour en voir les effets concrets.
- Se parler à voix haute est maintenant reconnu scientifiquement comme étant bénéfique pour le cerveau J Selon une étude de l’Université Thessalie en Grèce, cela vous permettrait d’être plus attentif, de vous stabiliser émotionnellement et de vous motiver à agir. Pour ajouter à cela, converser avec des gens en dehors de vos groupes sociaux habituels, parler et échanger avec diverses personnes de milieux différents (technologie, investisseurs, jeunes designer de mode, ceo, mathématicien…) amènerait de nouvelles façons de penser.
- Traduire ses problèmes en langue étrangère serait aussi un facteur favorable. Il semblerait qu’un individu bilingue qui trouve une solution à un problème dans une langue autre que sa langue maternelle aurait plus de distance et serait donc plus objectif dans sa résolution. Cela permettrait de voir le tout sous un angle neuf et de trouver des solutions nouvelles.
- Sortir des quatre murs de son bureau. Commencez à observer les gens qui vous entourent. Par exemple, lors d’une visite dans un parc, dans un centre d’achat ou un espace urbain très fréquenté, observez les gens et ce qu’ils font. Comment réagissent-ils? À quoi réagissent-ils? Que portent-ils? Qu’en est-il des couleurs et de l’espace? Cela vous met en contact avec des activités excitantes et vous familiarise avec des comportements qui stimulent votre cerveau à penser autrement.
- Méditer, c’est pratiquer la présence active aidant à nettoyer le cerveau de toutes les idées, pensées, difficultés ou stress qui vous occupent quotidiennement. Une durée de 5 à 10 min par jour matin matin et soir est recommandée dans un premier temps pour vous familiariser à cette pratique.
L’idée première est de ne pas vous décourager en commençant par une période trop longue. Donner la chance à votre corps et votre esprit de s’habituer graduellement à cette pratique. Un petit pas à la fois. Ce que l’on cherche à produire avec cet exercice, c’est développer la capacité d’être présent à votre entourage et à ce que vous ressentez. Qu’entendez-vous, comment vous sentez-vous? Votre corps est-il crispé? Ressentez-vous une émotion forte? Faites un court scan de chaque partie de votre corps (tête, cou, épaule, thorax, ventre, jambes, pieds, bras) pour y déceler des tensions ou des malaises. En vous concentrant sur l’inspiration et l’expiration pendant la méditation cela permet de focaliser l’esprit et d’éviter qu’il vagabonde. Vous verrez dans le temps des effets positifs, soit plus de calme ou encore une capacité lors d’événements stressants de vous recentrer pour voir plus clair et pour prendre des décisions plus objectives et moins centrées sur les émotions, etc.- Plusieurs professionnels offrent de courtes méditations guidées sur le web ou des séances de respiration consciente. Je vous encourage à tester le tout pendant un minimum d’un mois et je vous garantie que vous y verrez des bienfaits (Ex. Nicole Bordeleau, Yoga monde, Zen et cie, ). Des applications mobiles sont aussi disponibles pour vous aider (Calm, Headspace, petit bambou, Méditation pleine conscience, RespiRelax, etc).
- Écrire et dessiner. Tenir un journal de notes pour développer et structurer votre habitude à générer des idées. Entrez toutes les idées que vous avez, notez ce que vous avez fait ou auriez voulu faire, inscrivez-y vos suggestions pour une prochaine journée… Vous pouvez aussi élaborer une liste de 10 idées qui vous viennent en tête spontanément (une lubie impossible, un projet que vous aimeriez réaliser, une citation, une remarque sur ce que vous avez vu ou lu, une image qui vous est venue en tête, l’aventure rêvée pour un prochain voyage, etc.) C’est à partir de la 6ème idée que les choses se corsent bien souvent.
- Terminez ce petit exercice par la question suivante: Quelle est ma bonne idée de la journée? Rappelez-vous qu’écrire à la main stimule des zones du cerveau responsables de la réflexion, du langage et de la mémoire. Vous n’aurez pas le même résultat si vous faites l’exercice à l’ordinateur! Je vous encourage aussi, même si vous n’êtes pas un dessinateur hors pair, à rédiger votre texte sur une page et sur la page adjacente à y dessiner ce qui vous vient à l’esprit, sens censure. Peu importe ce que c’est. L’objectif est de faire collaborer la zone visuelle du cerveau!
- Pour vous aider, vous pouvez:
- Combiner 2 idées pour concocter une meilleure idée;
- Vous inspirer de vieilles idées ou d’éléments existants et vous questionner sur la manière de les moderniser;
- Réfléchir à des choses ridicules que vous pourriez inventer;
- Noter vos idées de Podcasts ou de vidéos;
- Archiver ce que vous avez appris dans la dernière semaine;
- Partir d’un problème et tenter de le résoudre de 10 façons différentes.
J’aime à croire que tous et chacun ont la capacité d’utiliser les deux parties de leur cerveau de manière équivalente et que les connexions ne sont pas plus nombreuses d’un côté que de l’autre et ce, peu importe l’approche de la vie et la personnalité qu’on a.
Un petit truc en bonus, le chewing-gum aide à se concentrer sur une tâche particulière tout en nous permettant d’être plus efficace et rapide, car mastiquer entraine la machoire à bouger de façon rythmée et régulière. Cela augmente le flux sanguin dans les régions du cerveau responsables de l’attention. Donc plus vous mâchez longtemps, mieux c’est!
Je vous invite à mettre cela en pratique dès maintenant… en mâchant du chewing-gum!
Magali Pelletier est entrepreneur, stratège et formatrice. Elle Cumule plus de 15 ans d’expérience professionnelle en entreprises manufacturières et de services comme spécialiste en gestion marketing et stratégie de développement de produits. Consultante depuis 2013, elle offre des services de consultation, des formations sur les grands thèmes actuels en gestion et développement de l’innovation et effectue des études d’opportunités pour explorer de nouvelles idées ou marchés. www.strategiemp.com
Références :
https://www.inc.com/kevin-daum/7-ways-to-generate-great-ideas.html
https://www.huffingtonpost.fr/2013/08/19/cerveau-gauche-cerveau-droit_n_3780340.html